Attractivité : 5 pistes pour tirer des bénéfices du smart territoire
Un territoire intelligent n’est pas seulement un espace connecté. C’est une ville qui fait usage de solutions technologiques et numériques pour renforcer la qualité de vie de ses citoyens, développer son attractivité et mieux respecter les normes publiques et environnementales. Loin d’être des gadgets coûteux et peu utiles, les outils des smart cities ont de véritables impacts sur la vie quotidienne, de l’éclairage public à la protection de la biodiversité, en passant par la gestion de l’eau. L’économiste spécialiste des villes durables Jean Haëntjens voit dans ces villes une ambition « culturelle, sociétale et politique ». Les technologies qu’elles déploient ont une véritable pertinence pour les politiques locales et la valorisation du territoire. Voyons comment, à travers plusieurs cas d’usage français.
Piste 1 – Inscrire la mobilité durable dans les aménagements de votre ville
Depuis la pandémie, les moyens de mobilité douce se sont généralisés en France. Le vélo est même, selon l’ADEME, le moyen de transport le plus rapide en ville pour les trajets de moins de 6 km. Mais bicyclettes, trottinettes et rollers doivent toutefois partager l’espace avec les voitures et piétons, et ce en toute sécurité. La smart city peut les y aider en adaptant son plan de circulation aux flux réels sur les routes. En installant des capteurs, la ville mesure le passage dans l’espace public et peut ainsi décider d’investissements ciblés, adaptés à l’évolution des usages et du nombre de véhicules de chaque type.
Cette analyse, basée sur l’observation, est centrale pour les municipalités. Elle leur permet de développer une stratégie plus efficace en termes de partage des routes, d’installation de pistes cyclables, mais aussi de dimensionnement des services de mobilité. En effet, ces données invitent à repenser les points multimodaux et la logistique urbaine selon les heures d’affluence. Enfin, la mesure quantitative des usages conditionnera les choix d’investissement dans un souci d’économie, de fluidité et de logique.
Une mobilité plus durable passe aussi par l’installation de bornes de recharge pour encourager l’usage de voitures électriques et réduire la pollution aux particules fines. Les territoires doivent également avoir à cœur d’encourager la mutualisation des services de mobilité. Cela passe par les services d’autopartage et de covoiturage, permis par les plateformes numériques qui centralisent les options de départ et d’arrivée, et mettent en relation l’offre et la demande. Autant de solutions smart qui encouragent différentes formes de mobilité urbaine.
Piste 2 – Promouvoir la participation citoyenne dans l’élaboration des projets urbains
Les outils et technologies des smart cities offrent aux citoyens la possibilité d’agir directement dans la gestion de leur ville et de s’impliquer davantage dans leur territoire. La métropole de Rennes s’est notamment appuyée sur les technologies civiques (civictech) pour créer un budget participatif qui invite les citoyens à voter pour des projets collectifs. Ces civictechs favorisent la co-construction de projets et renforcent la démocratie participative grâce à des outils techniques, applications et logiciels. Elles permettent par exemple de recueillir des votes lors de sondages, d’organiser des débats, ou de prendre des décisions en consultation.
Un autre projet est le « Dites-le nous une fois », qui s’appuie sur le self data pour éviter aux particuliers de fournir des pièces justificatives déjà détenues par l’administration. Grâce au partage de données et aux interfaces numériques qui se greffent sur les serveurs existants, les villes facilitent les démarches et la communication avec les habitants. Dans le cadre du règlement général sur la protection des données (RGPD), ces outils centralisent les données des individus, qui peuvent choisir de participer directement ou indirectement à l’amélioration des services existants et à la création de nouveaux usages.
Piste 3 – Améliorer la gestion des déchets
La gestion des déchets a un impact direct sur l’attractivité d’un territoire. Naples, en Italie, est bien connue pour sa mauvaise gestion des ordures et fait figure d’exemple que peu de villes souhaitent suivre. Pour éviter les dysfonctionnements, les smart cities peuvent mettre en place des technologies qui rationalisent le ramassage des déchets. L’installation de capteurs indiquera en temps réel le remplissage des poubelles tout en fournissant un système de géolocalisation des zones à traiter en priorité. Le but : réorganiser et optimiser les tournées… Des pollutions sont ainsi évitées, le recyclage est optimisé et le tri sélectif mieux fait.
Pour les citoyens, c’est un gain en qualité de vie. Pour les municipalités, c’est une manière de s’informer de l’état du service et de cibler les investissements. Dans certaines villes, les outils smart ont aussi permis d’identifier des améliorations à apporter à la gestion des déchets alimentaires organiques, qui peuvent être revalorisés sous forme de compost. A Rennes, cela passe par des applications mobiles anti-gaspillage dans une démarche zéro déchet. Un Plan alimentaire durable y a été conçu grâce à des dizaines de questionnaires remplis en ligne et le public a été sensibilisé à sa consommation.
Piste 4 – Améliorer la qualité de l’air sur votre territoire
Les villes polluées perdent en attractivité. Certaines l’ont déjà compris : la région Île-de-France a développé l’outil Itiner’air qui permet au public d’accéder en temps réel aux données concernant le niveau de pollution des différentes communes du territoire. Une initiative d’autant plus importante que la pollution atmosphérique entraîne des conséquences sur la santé des habitants et accélère le réchauffement climatique.
Les municipalités doivent suivre des réglementations strictes en matière de pollution, sous peine de recevoir des amendes. Pour les y aider, elles gagneront à installer des capteurs indiquant si le seuil de risque est dépassé. Des systèmes de vidéosurveillance qui permettent le comptage et la classification des véhicules, peuvent également être installés.
Piste 5 – Faire de votre ville un endroit où les habitants se sentent en sécurité
La ville doit aussi être un endroit où l’on se sent en sécurité. La smart city a les moyens d’être une safe city, et de sécuriser ses rues grâce à un réseau de vidéosurveillance qui permet de repérer les incidents. Les données captées sont ensuite détruites et l’usage de ces systèmes de surveillance est encore à définir. Dijon Métropole a toutefois été une des premières à investir, pour sécuriser les bâtiments et espaces publics, en créant un système baptisé OnDijon. Celui-ci permet de réagir immédiatement en cas de crise (neige, verglas, inondation), d’incident (incendie, intrusion), de gérer l’éclairage public et de cibler les interventions de la police municipale.
La smart city a de multiples potentialités, et répond aux préoccupations des citoyens sur la pollution, le cadre de vie, la sécurité comme le transport.
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