Sobriété énergétique : ville à énergie positive, une voie à suivre ?
La transition écologique englobe de nombreux défis dont fait partie la gestion de l’énergie. Sobriété énergétique, approvisionnement en énergie renouvelable, rénovation des bâtiments, les enjeux sont multiples et complexes. A l’échelle des collectivités, on observe l’émergence d’actions dont l’objectif est non seulement d’atteindre la sobriété énergétique mais également de produire leur propre énergie dans une logique d’autonomie et d’autosuffisance.
En ce sens, le CLER (Réseau pour la transition énergétique) a créé en 2011 le réseau TEPOS (territoire à énergie positive) qui regroupe une centaine de membres et dont l’objectif est d’accompagner les territoires dans leur transition énergétique. Plus qu’une communauté, il s’agit d’un concept novateur qui encourage les collectivités à produire plus qu’elles ne consomment. Zoom sur une nouvelle voie à suivre !
A l’origine des TEPOS : des démarches à plus petites échelles portées par l’IoT
Le quartier à énergie positive (QEP)
Le programme européen Urban Europe, définit un quartier à énergie positive (QEP) comme étant « un quartier urbain dont les importations annuelles nettes d’énergie et les émissions nettes de CO₂ sont nulles et dont la production d’énergie renouvelable, intégrée au réseau énergétique urbain et régional, tend à être excédentaire ». Autrement dit, il s’agit de quartier produisant plus d’énergie renouvelable qu’ils n’en consomment
En 2019, l’Ademe a lancé le projet « Quartiers à énergie positive et à faible impact carbone » afin d’identifier et de contourner les obstacles au développement de quartiers et îlots à énergie positive. Durant 36 mois, l’organisme à suivi 22 projets et en a dégagé deux freins majeurs : les contraintes juridiques pesant sur les plans locaux d’urbanisme (PLU) et le difficile suivi des chantiers, principalement lié aux contraintes techniques. Au terme du projet, l’Ademe a constaté que le volet énergétique était maîtrisé et a mis en lumière des difficultés concernant la diminution de l’empreinte carbone dont l’efficacité nécessiterait une réflexion à une plus grande échelle, celle de l’Etat.
Les bâtiments à énergie positive (BEPOS), socle des QEP
Dans la même logique que les quartiers du même nom, les bâtiments à énergie positive (BEPOS) produisent plus d'énergie qu'ils n'en consomment. Ces bâtiments répondent à quatre objectifs :
- La sobriété énergétique
- La diminution de l’empreinte carbone
- L’optimisation des équipements
- La production d’énergie renouvelable
Si les énergies renouvelables ont pour vocation d’alimenter de tels bâtiments, la performance énergétique de ces derniers est destinée à être pilotée. Pour cela, les bâtiments à énergie positive sont équipés de solutions connectées. Des capteurs analysent les différents paramètres et les transmettent à des plateformes de pilotage. Ainsi, les gestionnaires de bâtiments sont en mesure de suivre, en temp les informations remontées, d’être alertés en cas d’anomalie et de piloter à distance certains équipements. Parmi les utilisations permises par de tels dispositifs on retrouve : le suivi de l’état des systèmes de ventilation, l’optimisation des GTB, le pilotage du chauffage et de l’éclairage, détection de fuites (gaz, eau)…
La conséquence directe de ce type de projet est l’amélioration et le maintien du confort des occupants de ces bâtiments. De la même manière que les solutions connectées permettent le suivi et le pilotage de la performance énergétique, elles permettent également de suivre les paramètres de confort d’une pièce et d’agir pour les ajuster au besoin : température, qualité de l’air, humidité…
Territoire à énergie positive : un projet à grande échelle en faveur de la sobriété énergétique
Qu’est-ce que le réseau TEPOS ?
Porté par le CLER, le réseau TEPOS est composé de collectivités désireuses de lancer des projets pour réaliser leur transition énergétique. Véritable leitmotiv, le concept de TEPOS poursuit trois objectifs : encourager la sobriété énergétique, déployer la performance énergétique et développer les énergies renouvelables. Chaque année, le label territoires à énergies positives récompense les collectivités qui agissent en ce sens. Ils étaient plus de 200 en 2015.
Les territoires lauréats s'appuient sur une approche territoriale de l'énergie. Celle-ci consiste à développer les énergies renouvelables pour promouvoir l'efficacité énergétique dans tous les secteurs (bâtiments, transports, industrie, agriculture) et afin de créer des écosystèmes énergétiques locaux, autonomes et résilients, capables de produire et de consommer de l'énergie propre et renouvelable. Les collectivités y voient également l’opportunité de renforcer l’attractivité de leur territoire ainsi que leurs liens avec les citoyens.
Cet engagement en faveur de l'environnement a pour vocation de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’améliorer la qualité de vie des habitants en réduisant la pollution de l'air et en créant des espaces verts, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique. Afin de mettre en oeuvre cette transition énergétique, les TEPOS doivent impliquer l'ensemble des acteurs locaux (citoyens, entreprises, collectivités) et mobiliser des ressources financières, techniques et humaines importantes, favorisant ainsi la création d'emplois locaux dans les secteurs de l'énergie renouvelable et de l'efficacité énergétique.
Les premiers exemples français de territoires à énergie positive
Lavernat, une première expérimentation de ville à énergie positive lancée en France
Dans le cadre du plan climat du Pays Vallée du Loir, Lavernat s’est lancée en 2019 dans le projet de devenir une commune à énergie positive. Commune pilote, Lavernat souhaite « valoriser les potentiels énergétiques locaux, réhabiliter le bâti, encourager la réduction des consommations dans les pratiques agricoles, favoriser un mode de consommation plus responsable de la part des habitants ou encore optimiser la gestion des déchets », comme le déclarait son maire, Alain Morançais. Dans cette logique de sobriété énergétique, le premier projet de rénovation mis en œuvre a été celui de l’éclairage public.
Tramayes, pionnière des villes à énergie positive
Cette petite ville de Bourgogne (1 056 habitants selon les derniers chiffres de 2017) s’est lancée dans un projet de ville à énergie positive en 2021 et espère atteindre son objectif d’ici 2024. Afin d’y arriver, la commune a revu son réseau de chaleur pour ses bâtiments municipaux en remplaçant sa chaudière au fioul par une chaudière bois. Ce réseau chauffe tous les bâtiments municipaux mais également l’hôpital qui a réduit sa facture d’énergie de 73 000 € à 61 000 € par an. La municipalité a, en outre, investi dans des panneaux photovoltaïques afin d’alimenter en électricité l’éclairage public. Elle a ainsi constaté une forte diminution de sa consommation électrique en passant de 200 00 KwH à 37 000 KwH.
L’émergence des territoires à énergie positive correspond à la mutualisation de différentes initiatives à l’échelle des quartiers et des bâtiments et témoigne de l’emparement du sujet par les institutions publiques françaises.
Permis en grande partie par la technologie de l’IoT, le développement du concept d’énergie positive, qu’il soit appliqué à un territoire, un quartier ou un bâtiment, contribue fortement à la transition écologique des collectivités. Soutenues par l’Etat, elles se sont emparées du sujet et encouragent de plus en plus les acteurs du bâtiment à œuvrer en faveur de ce type de projet. Ancré dans le concept de développement durable, les bénéfices qu’en retirent les collectivités sont de trois natures : économiques (création d’emplois, réduction de factures énergétiques), sociaux (augmentation de l’attractivité et de la qualité de vie des citoyens) et environnementaux (préservation de l’environnement, réduction de l’empreinte carbone).
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