Trame verte et bleue : comment réconcilier villes et biodiversité ?
Plus que jamais, le monde est confronté au défi de concilier villes et biodiversité. L’urbanisation ne cesse de s’accélérer depuis le début de l’industrialisation, et a entraîné une baisse importante de la biodiversité. La Convention sur la diversité biologique (CDB) affirme que le taux actuel d’extinction des espèces est 100 à 200 fois supérieur à son taux naturel. Pourtant, ville et biodiversité ne sont pas incompatibles. Les villes peuvent être conçues de sorte à ne pas perturber les milieux naturels et leurs habitants. Pour cela, il est essentiel de respecter les réseaux terrestres et aquatiques empruntés naturellement par les différentes espèces. C’est ce que l’on nomme les trames vertes et bleues (TVB). Voici en quoi elles consistent et comment les appliquer en milieu urbain.
Qu’est-ce que la biodiversité ?
La biodiversité est un terme qui fait référence à la variété de la vie sur Terre. Elle comprend tous les organismes vivants et leurs interactions entre eux et avec leur environnement. La biodiversité développe des écosystèmes dans des milieux naturels tels que les zones boisées, le littoral ou les milieux aquatiques. Elle est essentielle pour les humains, notamment pour la production alimentaire, le contrôle des inondations, la pollinisation, l’assainissement du sol, la régulation du climat, les loisirs, etc. On appelle ces services les “services écosystémiques”. La préservation de la biodiversité est ainsi essentielle pour toutes les espèces, l’Homme y compris.
Trame bleue et verte : de quoi s’agit-il ?
Tout comme les hommes, les animaux se déplacent. Que ce soit pour se nourrir, se reproduire, se reposer ou en fonction des saisons, la plupart des espèces suivent des itinéraires précis d’un habitat à un autre. Cette migration est nécessaire à leur cycle de vie global. Or, lorsque l’homme modifie son environnement pour ses propres besoins, il perturbe ainsi souvent le réseau de déplacement des différentes espèces. Il détruit ou fragmente les milieux naturels, banalise les paysages, en réduit la diversité et pollue certains espaces, les rendant hostiles pour la biodiversité.
La trame verte et bleue porte l’ambition d’inclure ces réseaux dans tout projet d’aménagement du territoire. Son objectif est de limiter au maximum l’extinction générale dont sont victimes les espèces et dont l’altération de ces trames naturelles est l’une des principales causes. Ces réseaux de continuité écologique, essentiels à la biodiversité, se divisent en deux trames : la trame verte, qui concerne les milieux terrestres, et la trame bleue pour les milieux aquatiques.
Trame bleue et verte : que dit la loi ?
La France, et plus globalement l’Union européenne, ont inclus la préservation des trames vertes et bleues dans leur programme de préservation écologique. Cette préservation est assurée par la création du SRCE (Schéma régional de cohérence écologique) qui trace les trames vertes et bleues et impose de les intégrer dans les projets des collectivités, des régions et du pays.
En France, la réglementation en la matière s’est faite en quatre étapes.
- La loi n° 2009-967 du 3 août 2009, incluse dans la loi Grenelle 1, et qui pose les bases de la création des trames vertes et bleues, prévue pour 2012.
- La loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010, incluse dans la loi Grenelle 2, qui définit les objectifs des trames vertes et bleues et donne une série de mesures aux différentes échelles (locales, régionales et nationales).
- La loi n°2015-991 du 7 août 2015 qui intègre le SRCE dans le SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires).
- La loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages qui détaille et étoffe les mesures mises en place pour préserver la trame verte et bleue.
Trame verte et bleue en milieu urbain
L’environnement urbain dense est au centre des enjeux de la trame verte et bleue puisque c’est lui qui l’impacte le plus directement. Les villes doivent être pensées de sorte à permettre la mise en relation des espaces verts, essentielle pour la biodiversité et les continuités écologiques. En milieu urbain, la biodiversité a la particularité d’être en partie constituée d’espèces exotiques provenant des parcs et jardins publics. Ces espèces se mêlent à d’autres espèces, plus communes, non menacées, voire invasives. Les projets urbains doivent ainsi prendre en compte les trames vertes et bleues associées à cette biodiversité plurielle.
Le Grenelle impose, dans le Code de l’urbanisme, la prise en compte des continuités écologiques dans chaque projet d’aménagement des villes. La TVB implique de revoir la planification des stratégies urbaines et leur articulation interne, mais également avec les territoires voisins. La ville doit d’une part permettre aux espèces qui les habitent de s’y développer, et par ailleurs à celles qui les traversent de ne pas agir comme une barrière. Cela exige le développement de nouvelles techniques et compétences, permettant notamment de connecter les différents espaces verts. Cela implique de sensibiliser les décideurs et les citoyens à ces thématiques.
La smart city pour réconcilier les villes et la biodiversité
La ville intelligente utilise la technologie et les données afin d’améliorer et optimiser les services proposés. L’idée de la ville intelligente peut être appliquée à de nombreux contextes différents tels que l’urbanisme, la gestion de l’eau, la production d’énergie ou l’écologie. Dans le cadre de la trame verte et bleue en milieu urbain, la technologie offre différents outils aux politiques publiques afin d’agir.
Par exemple, grâce, aux données de plus en plus massives, les villes ont une connaissance plus fine du flux de trafic (piétons, vélos et voitures). Les villes connectées sont ainsi en mesure d’aménager des itinéraires pour la biodiversité à l’écart de l’activité humaine. Les outils de contrôle de la qualité de l’air, de la terre et de l’eau sont également de plus en plus sophistiqués. Ils permettent de détecter les milieux hostiles à la biodiversité et de prendre les mesures nécessaires à leur assainissement. De nombreux autres outils connectés sont à imaginer afin de permettre aux hommes et autres espèces de cohabiter harmonieusement en ville.
Préserver les trames vertes et bleues tout en maintenant l’activité humaine et la qualité de nos services, surtout en milieu urbain, n’est pas une mince affaire. Mais les services écosystémiques étant essentiels à notre survie, il est du devoir des décideurs de prendre les mesures nécessaires à leur conservation. Les smart cities offrent déjà des outils efficaces pour aller en ce sens. Il est souhaitable que les élus s’en saisissent et lancent des programmes d’envergure pour en imaginer d’autres dans les années à venir !
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