Arrosage connecté pour les collectivités : pari gagnant à Martigues

Le défi des collectivités, entre végétalisation et gestion de l’eau 

Parcs, squares, jardins, aires de jeux, promenades : les espaces verts publics sont particulièrement appréciés des citadins et jouent un rôle majeur dans l’image des collectivités. La nature en ville ne répond pas seulement à une demande de convivialité et de détente, elle devient un bouclier contre les effets urbains du dérèglement climatique, comme les îlots de chaleur. Augmenter la surface paysagère devient donc une priorité pour les communes.

Or déployer et entretenir ces espaces verts dépendent d’une ressource de plus en plus rare : l’eau. Hausse moyenne des températures, irrégularité accrue des pluies, intensification des épisodes de sécheresse, multiplication des situations de stress hydrique… La préservation de la ressource en eau devient un enjeu critique dans un nombre croissant de territoires.

* selon l’Observatoire des villes vertes

Martigues, ville pionnière de l’arrosage intelligent

Dans ce contexte, l’arrosage connecté apparaît comme une solution innovante pour concilier extension des espaces verts et sobriété hydrique. C’est la raison pour laquelle les collectivités optent de plus en plus pour ce système intelligent. Parmi elles, la ville de Martigues. Régulièrement touchée par des épisodes de sécheresse et potentiellement exposée aux mesures de restrictions, la commune des Bouches-du-Rhône a fait de la préservation de la ressource en eau un enjeu majeur. En septembre 2021, deux délibérations portant sur la réduction de la consommation d’eau ont été votées, avec entre autres, l’expérimentation d’un dispositif d’arrosage connecté de septembre 2022 à septembre 2023.

Jusqu’alors, l’arrosage des espaces verts à Martigues s’opérait de manière empirique, sur des jours et des plages horaires programmées en fonction des expériences des années passées. Le gazon, par exemple, était arrosé 3 fois par semaine durant 20 minutes et ce, toute l’année sauf en hiver. 

« Nous avons souhaité éprouver une autre approche de l’arrosage, basée sur les besoins réels et non sur des estimations. Plusieurs offres ont été testées durant cette année d’expérimentation. Notre choix s’est finalement porté sur la solution développée par GreenCityZen », souligne Sylvain Chauvet, chargé du développement de la ville connectée et responsable du projet arrosage connecté au sein de la direction du numérique de la Ville de Martigues.

Comment fonctionne un système d’arrosage connecté ?

Un réseau d’arrosage connecté repose sur des sondes implantées dans le sol à proximité des végétaux, qui relèvent plusieurs fois par jour le taux d’humidité des sols et évaluent les besoins hydriques des différentes plantes. Cette information est alors transmise via le réseau LoRaWan (LongRange Wide Area Network ou réseau étendu à longue portée) à un logiciel centralisé qui déclenche, stoppe, ajuste l’arrosage en fonction de chaque zone. La ville fixe elle-même les seuils de déclenchement de l’arrosage. Grâce à des compteurs placés à de multiples endroits, le réseau connecté va également détecter les fuites et lancer des alertes.

Les équipes municipales peuvent piloter le système depuis une plateforme de supervision et de visualisation. Des tableaux de bord leur permettent de suivre en temps réel le fonctionnement du réseau, et de capitaliser sur des données qui vont alimenter la stratégie de gestion de l’eau du territoire.

Bilan positif à Martigues : 280 zones équipées en 2025

Une économie de près de 50% des consommations d’eau a été constatée à Martigues après une année de test. En plein mois de juillet par exemple, le nombre des arrosages a été divisé par 2. Un bilan suffisamment encourageant pour décider le passage à l’échelle sur une période de 2 ans, avec :

Cette couverture généralisée de l’arrosage connecté à tout un territoire est une première en France. En recourant à Sogetrel pour l’installation et la mise en œuvre des capteurs et de la plateforme de visualisation et de supervision, la ville de Martigues a pu s’appuyer sur une centrale d’achat et éviter une procédure d’appel d’offres qui aurait nécessairement retardé le passage à l’échelle. 

« Outre sa sobriété énergétique, le protocole LoRaWan est agnostique commercialement et technologiquement, donc ouvert à des usages multiples et adaptable à tous types d’objets connectés. C’est pour nous un atout majeur, puisque notre dispositif d’éclairage public repose déjà sur un réseau LoRaWan, installé par Sogetrel. Désormais, et sans frais d’installation supplémentaires, notre IoT porte également la gestion connectée de l’arrosage » note Sylvain Chauvet.

Fuite repérée grâce à l’arrosage connecté : 4 800 mètres cubes économisés !

Dès le début de la période de test, les équipes de la ville de Martigues ont pu constater sur la zone d’arrosage de l’Hôtel de ville une crête de consommation de 500 litres par heure, soit 12 mètres cubes par jour, l’équivalent de 2 piscines olympiques par an. Ce, sur une zone qui n’était pas identifiée comme à risque car disposant d’installations récentes. « La détection de cette fuite due à un raccord d’arrosage mal vissé, nous a permis d’agir immédiatement et d’économiser 4 800 mètres cubes sur cette première zone testée », raconte Sylvain Chauvet.

Le pari de l’arrosage connecté s’avère concluant :

• des économies en eau grâce à l’arrosage agronomique et la détection de fuite ;
• une meilleure capacité d’exploitation avec le pilotage des arrosages à distance ;
• le référencement et la supervision du réseau hydraulique ;
• des économies de maintenance grâce à une sensible diminution des interventions curatives.

Au total, la ville de Martigues aura investi un peu plus de 800 000 euros dans un projet subventionné à hauteur de 400 000 euros par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. En misant sur une économie d’eau d’environ 50%, soit 150 000 m3 et 268 000 euros par an, la collectivité entend rentabiliser le dispositif en 2 ans. Qui dit mieux ?